mercredi 5 avril 2017

De l'accord de la cymbale !

La cymbale est constituée de deux rangs de tuyaux, l'un à l'octave, l'autre à la quinte ou à la quarte.

J'ai donc commencé par accorder les premiers tuyaux, en enlevant le tuyau de quinte pour accorder l'octave, puis en remettant le tuyau de quinte et en enlevant l'octave pour accorder la quinte.

Mais je n'étais pas du tout satisfait de l'accord global. Il se passait quelque chose. Mais quoi ?

Avec l'accordeur électronique, je voyais que si l'accord des tuyaux simples était correct, quant ils étaient ensemble, on montait l'accord de 10 à 20 cents, ce qui est considérable, et correspondait aux battements entendus, désagréables.

Alors j'ai eu l'idée de boucher le tuyau de quinte avec mon doigt, et là surprise, le tuyau d'octave précédemment accordé, montait. Mais oui, bon sang, mais c'est bien sûr, aurait dit Raymond Souplex !
S'il manque un tuyau parmi les deux d'un rang de cymbale, l'air s'échappe quand même de sa place sur le sommier, et donc la pression d'air fournie au tuyau en place diminue..... Car on sait que la hauteur du son d'un tuyau dépend non seulement de sa longueur mais aussi de la pression du vent qui lui est fourni.

La pression étant plus faible pour chacun des deux tuyaux, ils montent quand on les mets ensemble puisque la pression est alors légèrement plus forte. CQFD.

Mais alors comment accorder une cymbale, et plus généralement, une mixture, un cornet ou une fourniture ??? Boucher temporairement ce trou n'est pas une solution car on va faire monter la pression sur le tuyau en place.

Retour aux sources, et en l'occurrence à Dom Bedos. Article 1181, page 447 :

"Pour accorder le plein-Jeu, c'est à dire, la Fourniture & la Cymbale, on ouvrira ces deux jeux ensemble. On mettra du plomb sur le second C Sol ut du clavier, car c'est par là qu'il faut commencer; & les Tuyaux parlant, on bouchera tous ceux qui sont sur cette marche. Pour boucher ces tuyaux, on se servira de bouchons de soye, fig 106, Pl. 13. Voyez l'article 130, pag. 36. On choisira les bouchons proportionnés à la grandeur des tuyaux. On ôtera le bouchon du premier Tuyau de la marche, c'est à dire, le plus grand : on battra sur la touche pour voir s'il parle bien; s'il a quelque défaut, on le corrigera. Quand on sera assuré qu'il parlera selon la force et l'harmonie qu'il doit avoir, on le bouchera, et on débouchera le suivant, sur lequel on fera la même opération. Ce second Tuyau étant perfectionné, on le bouchera, & on débouchera le troisième, ainsi de tous les autres qui seront sur la même marche."

Effectivement, on ne peut pas boucher les tuyaux en haut, car ils parleront à l'octave basse. Il faut empêcher le tuyau de parler en mettant à l'intérieur des fils de soies, je suppose de sanglier, qui empêchent l'air d'entrer en vibration.

Mais je n'ai pas ces bouchons de soie !

Bouchon de soie (Figure 106, planche 13)

Article 130, page 36, Chapitre "Description des outils en usage dans la facture d'orgue" :

"Les bouchons de soie. Ce sont des houpes de soie qu'on attache au bout d'un fil de fer. Pour cela, on prend un morceau de frange de soie dont on entoure un bout de fil de fer qu'on écrase d'un coup de marteau. On lie cette frange avec du fil, & on met un peu de colle sur la ligature. Il faut un bon nombre de ces bouchons de toutes grosseurs et grandeurs."

Bon, pas besoin d'aller à la chasse au sanglier, je comprend qu'il s'agit des franges d'un tissu en soie....
Sauf que je n'en ai pas.

Je vais donc voir le site de Laukhuff en Allemagne, qui est le "Leroy-Merlin" de l'orgue, et consulte son catalogue.

Et je trouve! Euriskô !

Brush mutes

Ils appellent cela des "brush mutes", comment dire, des brosses pour faire taire une tuyau !
Sauf que Laukhuff ne donne pas ses outils : 129€ TTC pour un jeu de 10 bouchons !
Donc, je devrais les avoir pour Pâques. En attendant, je vais voir m'en bricoler un, si je peux .....

Comme quoi, 250 ans après, Dom Bedos est toujours d'actualité !

A suivre ...

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